dimanche 4 octobre 2020

Elucider les rivalités israëlo- arabes.

Chaque jour, nous publions quelques réflexions autour de la question du conflit entre juifs et arabes.

Jour 1.

Les Emirats arabes unis, Israël et le Bahrein ont signé ce mois de septembre un accord - historique-par lequel les deux Etats arabes reconnaissent l’Etat Hébreu. Comment peut on interpréter un tel événement ? Cet accord du 15 septembre signe il le début de relations diplomatiques qui pourraient conduire à terme vers une paix entre les différentes parties notamment en ce qui concerne la Palestine ? Un déclaration également été signée. 

Chaque jour nous publions quelques éléments de réflexion au sujet des identités israëlo-arabes. On en vient à se demander dans quelles conditions une telle entente (qui pourrait à terme s’étendre à toute la péninsule arabique et le Moyen-Orient est possible. Après tout, ils ont tous leurs origines sur le même lieu géographique. Il faut donc mettre en avant les points communs. 

Qu’est ce qu’être arabe ou juif, juif ou arabe sont les deux questions à se poser afin que l’on puisse mettre en avant les points communs qui vont conduire à la cohésion puis à à la Paix. 

Commençons d’abord par élucider le sens de judéité en cherchant à comprendre ce qui je cite

 ci-dessous : 

Jour 2.

« Une certaine unité thématique rapproche donc les cultures juives les plus anciennes des plus récentes étudiées dans ce volume puisque les juifs dans des contextes divers définissaient leurs différences en employant le langage et les pratiques mêmes de leur environnement. Cependant, à la différence d’autres groupes ethniques anciens, les Juifs avaient certaines qualités singulières : même si beaucoup d’autres mêlaient des composantes nationales et religieuses dans leurs identités , seuls les juifs comme les chrétiens et les musulmans, en vinrent à adorer un Dieu qui niait l’existence des autres Dieux. Et ils élaborèrent une procédure sans équivalent de conversion à l’ethos juif, une possibilité inconnue des païens de l’Antiquité pour qui une identité ethnique ne pouvait être adoptée même si on faisait allégeance à un Dieu étranger. La « Judeïté » (identité ethnique) en vint à s’identifier de plus en plus au « judaïsme » (croyance religieuse), ce dernier se constituant probablement dans un dialogue avec le christianisme naissant et imprimant de sa marque l’islam primitif. Ainsi, la culture juive à la fin de notre période, apporta des contributions  majeures à la politique de l’identité antique alors que chrétiens et musulmans en venaient à dominer le bassin méditerranéen, domination qui clôt la première Partie et sera au coeur de la deuxième partie de ce livre. ». Les Cultures des juifs Une nouvelle histoire des juifs , David Biale.

Dans cette conception de David Biale, la judéité s’identifierait donc à une forme d’universalité qui fait que tous peuvent honorer un Dieu unique. 

Celui-ci va encore plus loin dans son ouvrage, allant jusqu’à démontrer par l’intermédiaire de la culture du théâtre grec, que l’histoire des juifs s’apparente à celle à défaut du monde entier, du bassin méditerranéen entier.

Jour 3.

Le Deutéronome part de la révélation faite à Moïse uniquement, il coupe avec la tradition qui vient d’avant. Cette révélation est écrite, c’est l’accomplissement « à la lettre ». 

Yavhé dit : « ce message que je vous ai envoyé, vous l’avez oublié ». Il évoque ici sa colère et les calamités qui en ont résulté (déluge, tour de Babel), Il veut parler du code Hammourabi et semble signifier que le droit doit être écrit. Et qu’il faut le respecter. Voici posées les premières des règles, les individus doivent obéir au droit, et celui ci est codifié (écrit).  Pourquoi est ce que ce sont les hébreux qui ont reçu ce rappel ? Parce qu’ils sont dans une situation particulière : ils ont fui en Egypte puis s’en sont allés en fuyant à nouveau. Une malédiction semble les frapper, ils sont en exode et en exil.  Ils vont vers Canaan. Pharaon les a laissé sortir ils rencontrent le canal de Suez de l’époque ceux qui ont raconté ce qu’il s’est passé ont interprété en disant que c’était la mer qui s’ouvrait.  Pas du tout, il y avait à l’époque, déjà un canal qui permettait d’aller en bateau jusqu’à la mer, les Egyptiens les laissent partir. On aurait pu à le voir, le confondre avec l’image de la mer s’ouvrant, Ce canal  est un rappel de la civilisation, l’Egypte a réussi à être un grand empire grâce aux lois écrites et à la comptabilité (l’écriture). C’est elle qui a construit ce canal. C’est un symbole et un avertissement. Peut être que au moment où les égyptiens arrivaient via le canal en bateau vers la mer rouge, pour rattraper les hébreux qui eux marchaient à côté sur la terre en le longeant, il y a eu un raz de marée ou bien un tremblement de terre engouffrant tout ce qui était sur le canal, ce qui expliquerait que les soldats égyptiens soient tous tombés à l’eau, certains se noyant, les eaux devaient y être profondes. Les hébreux se serrent protégés. Si on faisait des recherches dans les fonds sous marins à l’emplacement du canal de suez ancien, à proximité de la mer rouge, on y retrouverait peut être des traces.


Jour 4.

 Dans le désert, un rappel est fait avec l’épisode des tables de la loi qui montrent que grâce au respect du droit, le peuple juif est amené à être une grande nation. Puis il y a l’épisode  du buisson ardent qui représente la vocation du peuple juif à amener la paix dans le monde grâce au respect du droit. La colombe de la Paix émane de la même source de vie.  Cela annonce la naissance d’une nouvelle civilisation sans guerres (l’arche d’alliance entre tous les peuples qui abrite justement le buisson ardent). 

"L’une des façons  par lesquelles les anciens Israelites s’unifièrent consista à former des alliances généalogiques. Ce faisant, ils définirent qui était israélite et qui était extérieur au groupe. La différence entre intérieur et extérieur s »accompagné inévitablement d’une différence morale, ceux  de l’intérieur étant supérieurs à ceux de l’extérieur C’est là un trait humain universel, l’égoïsme poussé au niveau national. Sigmund Freud a commenté un jour, non sans quelque embarras , les raisons pour lesquelles des peuples très proches se dénigrent mutuellement : « Je me suis occupé du phénomène selon lequel précisément, des communautés voisines  et proches aussi les unes des autres, par ailleurs, se combattent et se raillent réciproquement …J’ai donné à ce phénomène le nom de « Narcissisme des petites différences « qui ne contribue pas beaucoup à l’expliquer. Ce trait de narcissisme culturel est nettement à l’oeuvre dans les histoires généalogiques de la Bible, essentiellement dans la Genèse qui racontent les relations entre les ancêtres d’Israël et les ancêtres d’autres Nations. Dans ces histoires, les frontières culturelles d’Israël sont continuellement menacées par la présence d’ancêtres d’autres peuples et les Israélites survient aux revers de fortune de diverses façons dont la vertu, la ruse, et l’intervention divine. ". Les Cultures des juifs Une nouvelle histoire des juifs, David Biale.

Le même auteur met en avant l'exceptionnel mélange de cultures et de civilisation qu'a suscité la confrontation judaïté-civilisation grecque. Les auteurs grecs ont repris les plus importantes figures du judaïsme à partir desquelles ils ont reconstruit la légende à leur façon, en présentant le peuple juif comme détenteur d'une vérité universelle jusqu'à créer un modèle de société à vocation universelle/ Eschyle notamment. Nous verrons comment demain. Restera après l'avoir expliqué, à identifier le comment et le pourquoi d'une telle interprétation qui se veut aussi concrète et pourquoi les clés d'interprétation issues de la Grèce antique puis contemporaine peuvent contribuer à un regard nouveau sur le "choc des cultures", un regard enfin positif qui va à l'encontre de toute forme de colonisation.


Jour 5.

"Ainsi, dans un de ses drames, Ezechiel, écrivain juif, s'insère au deuxième siècle après Jésus Christ, des récits grecs pour montrer un héros Moïse évoluant dans une scénographie qui n'est pas dans la Bible.  Il raconte un rêve trouble à son beau père dans laquelle il a vu un grand trône posé sur une cime proche des replis du ciel.  Y est assis un noble personnage portant un diadème et tenant un grand sceptre , invite Moïse à s"'approcher lui tend le sceptre et quitte son trône. L'image est ici celle de Dieu comme maître de l'univers. ". Les Cultures des juifs Une nouvelle histoire des juifs, David Biale.

Mais que nous dit réellement Ezechiel ici qui est juif mais en même temps empreint de culture grecque au sein de laquelle il évolue comme n'importe quel citoyen ? Il nous parle de l'homme. C'est à l'homme que Dieu donne le sceptre qui permet de commander l'univers. Quoi de plus universel ?

https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2004_act_939_1_2107


Jour 6.

Ici se joue en plein le sens de "Ecce Homo" c'est à dire l'homme qui se tient debout symboliquement, c'est "l'animal politique" dont nous parle Aristote. Celui ci a subtilement transformé l'obligation quasi vitale d'être citoyen athénien pour exister, se définir se construire très forte chez les grecs au point qu'on préférait mourir (comme Socrate) plutôt que d'être exilé et donc perdre cette conscience toute acquise par naissance en un attribut quasiment universel (avec l'universalité de l'époque excluant, femmes, enfants, esclaves et étrangers) qui est celui d'être d'abord et avant tout politique c'est à dire amené à "vivre avec les autres". Lorsqu'il choisit contrairement à Socrate d'être exilé plutôt que de boire la cigüe, Aristote semble dire aux autres "Voyez je suis plus fort que la structure sociale, ma Vérité à moi est éternelle et va au delà des temps et des lieux" car je peux ne plus être citoyen athénien et exister quand même où que je sois.

Le rapport ici avec la judeïté est marquant : il fait appel à l'exil et à la capacité de beaucoup des membres de la diaspora à s'adapter en tant que citoyen universel dans n'importe quelle société, il n'est donc pas étonnant que vu sous cet angle le rapport à la culture grecque mais aussi au rêve décrit par Ezechiel reproduise un être qui est politique au point de s'emparer du monde pour le rendre meilleur , l'appel à l'universalité est ici récurrente. 

Aristote (troisième siècle avant Jésus-Christ) n'est donc pas parti de rien, il y avait dans sa manière de penser des antécédents qui nous viennent justement de ce mélange culturel dont parle David Biale, dans la Grèce antique où beaucoup de juifs ont évolué à l'époque d'Ezechiel (6ème siècle avant Jésus Christ). La pensée d'Aristote se nourrit ainsi d'un vivier d'expériences, de croyances et de pratiques qui se sont mélangées et dont est resté l'essentiel.


Jour 7.

Il y aurait donc dans la rencontre entre cultures grecques et judaïques liées à une vie commune au 6ème siècle avant Jésus Christ, dans le bassin méditerranéen, un creuset nouveau qui se serait forgé, capable de se servir des acquis et des bienfaits de chacune des deux cultures et de les retransposer au futur, car elles ouvrent une perspective universelle. C'est dans les adaptations du patrimoine culturel juif par certains auteurs grecs que se situe la clé d'une future Paix dans le monde, grâce à cette capacité à se servir des acquis de l'une pour "enchanter" et universaliser l'autre, la rendre immortelle. Avec la démocratie, cette capacité à anticiper sur le monde futur, à raconter à sa façon des récits antiques fondateurs de civilisation est le deuxième apport de l'Antiquité grecque. Celle ci joue comme un filtre qui réinterprète les messages et les donne à entendre même dans les temps futurs.