jeudi 21 mai 2015

Africa-fête : pour une Union africaine fondée sur les liens culturels.






Il y a dans Africa-Fête des idées intéressantes qui entretiennent l'idée d'une mixité sociale et de véritables ponts au delà des cultures. Le bilan qu'en fait Victor Faye, organisateur est positif, il va dans le sens d'une avancée au delà des aléas propres à chaque festival.
Caractérisons d'abord ce festival. Court, car il ne dure que trois jours, il est d'abord et avant toute chose, marqué par son faible impact au sein d'une ville de taille importante comme Marseille. On peut ainsi le différencier d'Africajarc chaque été dans le Lot dans la petite ville de Cajarc où chaque année toute la ville se monopolise en faveur de ce festival. (1086 habitants en 2007).
Cela dit, le festival Africa-Fête a su soigner cette année, sa communication, au point de fournir des programmes stylés et abondants en information avec photos ainsi que des affiches points de repère qui marquent l'image du festival et ce malgré l'absence d'un chargé de communication.
Les visiteurs ont été en nombre satisfaisant même si comme nous le dit Victor Faye, l'un des organisateurs : "les gens ont tendance à croire que la musique africaine doit forcément être gratuite, ce qui fait que bon nombre de visiteurs potentiels n'ont pas souhaité payer 10 euros pour l'entrée. Pourtant , 10 euros c'est peu et pour soutenir le festival et lui donner l'aura qu'il convient de lui donner, il est nécessaire de faire des entrées payantes" ajoute t'il. 
On oubliera pas le rôle de la région qui maintient le festival dans un cadre conforme à sa politique culturelle.
Ce festival est un festival de découverte, sans tête d'affiche, avec des artistes qui ont su éveiller la curiosité des uns et des autres : on pense notamment à Debademba (Abdoulaye Traoré le chanteur burkinabé et Mohamed Diaby, le griot charismatique malien, les tambours de Brazzaville du Congo qui ont éveillé la curiosité de beaucoup d'entre nous).
Qu'importe, le clou du festival reste quand même la vocation de ce dernier à encourager les métissages et les rencontres. Un lien entre trois pays a ainsi été réalisé entre le Sénégal, la France et le Cameroun avec une résidence dans chacun des trois pays pour trois musiciens issus des trois pays et triés sur le volet.
Ainsi, Mougnié Counda, le rappeur sénégalais,  ainsi qu'un artiste camerounais et une chanteuse française ont fait leur résidence en juin à Marseille et iront en novembre au Cameroun après avoir fait le Sénégal cet hiver.
Une façon de montrer que l'idée d'une Union africaine n'est pas morte et que la France aussi en fait partie de manière tout à fait humble, en stricte égalité.
Comme nous le dit Victor Faye qui, en élément de sa génération a très bien compris commet fonctionnait l'union fraternelle entre les peuples : "La panafricanisme doit commencer par le regroupement culturel, pas politique ni économique" pour ne pas reproduire les erreurs que nous bons commises avec l'Union européenne. En Afrique en effet, les individus, lorsqu'ils ne sont pas malencontreusement européennes à vocation post colonisatrice ont de toutes façons l'habitude de mélanger le politique avec le culturel tant le premier fait partie de leur vie. Nulle part ailleurs mieux qu'en Afrique on ressent l'essence même de notre identité d'"hommes debout" soit "homo politicus"au sens que lui donnèrent les grecs sous Athènes. Cette inspiration là vient d'ailleurs d'Afrique d'un temps où l'organisation tribale mettant en avant la démocratie avant toute chose et le respect de chacun remonta jusqu'aux rives de la méditterrannée pour aller effleurer la sensibilité des civilisations situées sur le pourtour méditerranéen.
Et comme nous le dit Victor Faye, l'Union africaine existe déjà depuis longtemps avant même toute velléité de construction politique : "le point commun entre toutes ces cultures, c'est leur diversité hallucinante. Il faut donc, et c'est la vocation des festivals que les gens se côtoient. Aller voir chez son voisin ou s voisine, qu'il soit européen ou africain ou d'ailleurs, faire les choses ensemble.Les musiciens sont les porte voix des Cités".
Et d'évoquer les différents liens entre les festivals qui secouent le continent africain : Nuits métisses, Zig-Zag festival Festibikutsi au Cameroun ou encore "Kolatier" sans oublier les autres Africafête dont celui du Bénin.
Par Noura Mebtouche.

Voir aussi notre blog Papillons, le blog culturel de Respublica :
papillons999.blogspot.com


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