Dans son ouvrage "l'Afrique mutilée", Aminata Traoré pointe deux maux lié à la postcolonisation : ce qu'elle appelle l'excision économique et l'ajustement structurel.
Ainsi, les Institutions financières auraient crée l'ajustement structurel à partir de 1982. Le Mexique annonce ainsi qu'il n'est pas en mesure d'honorer le service de la dette. On met alors en place des programmes dits d'ajustement structurel dans plusieurs pays, l'Afrique est le continent priviégié de ce programme.
L'objectif : obtenir la stabilité économique à tout prix sur fond de libéralisation des capitaux étrangers grâce à ces techniques :
-Suppression du contrôle des changes pour encourager les exportations compétitives.
-L'austérité budgétaire qui rime avec la diminution du nombre de fonctionnaires et la deliquescence de l'Etat.
-Une baisse des salaires et des budgets sociaux régaliens garants des droits de l'individu (éducation et santé) ainsi qu'une diminution de subventions aux produits de base (maïs, riz, eau, électricité).
Ainsi pour l'Etat malien privé de sa souveraineté, celle du peuple, cela se traduit par une dévaluation brutale du franc CFA en 1994.
Par ailleurs, tout est fait pour infantiliser les Etats, on fait de l'impôt un instrument qui pénalise les ménages et favorise le capital, il n'y aplus d'Etat souverain.
Ce sont donc les peuples africains qui paient le prix de l'accroissement du capital occidental, c'est une deuxième colonisation , un deuxième esclavage.
L'aide du FMI, les Etats le paient en se mettant sous la coupe des Etats occidentaux qui les obligent à mener une politique d'accroissement économique forcée.
Citons Aminata Traoré : "enseignants démotivés, dévalorisés, sous payés".
Mettez vous à la place des africains : d'abord soumis à la traite des esclaves, ils font ensuite face aux promesses non tenues des français face à leur coopération dans les premières et secondes guerres mondiales puis, arrivent encore une fois en renforts sous ce que Aminata appelle "les 30 besogneuses" par analogie avec les "trente glorieuses", sont ensuite soumis aux expulsions (32912 africains expulsés en 2012), certains finissent sous le naufrage ou arrivent au terme des leur voyage par bateau de fortune, sur des terres inhospitalières qui les rejettent dans un pays que l'on a saccagé sans réfléchir.
Les Etats africains se voient obligés sous la contrainte, à signer des accords de réadmission après expulsions.
Aminata compare son pays non pas à un bateau mais à une pirogue allant d'un fleuve à un autre. Pendant ce temps, les terres cultivables de ces pays sont volontairement exploitées.
Ainsi, 98% du coton produit au Mali est exporté sans qu'il y ait de place pour l'agriculture vivrière.
Et ici, une phrase très importante qui nous confirme dans l'idée que le développement universel est la Voie : "l'enjeu des pays occidentaux est d'empêcher définitivement toute trace des modes de vie traditionnels communautaires et empêcher que le développement se fasse en empruntant une voie qui donnerait trop de place aux rapports non marchands ou qui ferait appel à une régulation collective". Aminata Traoré.
C'est le même enjeu auquel doivent faire face aujourd'hui les peuple des pays occidentaux.C'est donc bien dans cette lutte contre l'Etat et le multinationales que nous sommes tous frères.
Il ya donc bien une internationale, tout comme cela était le cas au XIX ème siècle, déjà.
Munis de nouveaux savoirs, ayant de nouvelles techologies à notre disposition nous devrions cette fois- ci pouvoir faire face à la pression avec des armes non violentes sans lutte fratricide, sans heurts trop importants et sans destruction.
Là bas, en refusant l'aide de grands organismes financiers internationaux et en refusant de se plier aux contraintes d'un modèle de développement unique, en développant l'agriculture vivrière et les échanges sans intemédiaires en empruntant de nouveaux réseaux crées par la mobilité.
Ici, en France ou ailleurs, en évitant, dans notre quête d'une économie réelle à reconstruire selon la définition du reencastrement cher à Karl Polanyi, "la grande transformation"les écueils liés à une tentative de récuperation des réseaux et des techniques de l'économie solidaire par les grands groupes financés par la rente de monopole (nous opposons ici deux sortes de rente, la rente de capital qui est issue des profits engrangés grâce à l'investissement et au travail productif de toute activité économique à caractère libéral, celle ci n'a rien de repréhensible en soi.
Et puis, en face, il y a la rente de monopole issue de l'activité des grands monopoles , ceux qui entravent le libéralisme et font du capitalisme la norme en matière de production et d'échange. Jusqu'ici ce sont les bénéficiaires de la rente de monopole qui ont gagné, le rapport de force entre d'une part les entreprises capitalistes bénéficiaires de grosses sommes de capitaux ayant un enjeu politique très fort.
Il s'agit d'empêcher le peuple d'être souverain ce qui est le contraire de ce que prône la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
Pire encore, cette dernière empêche les individus de développer eux même leur rente de capital, cette dernière n'est pas, si l'on suit la règle de trois de l'économie réelle (solidaire) que nous avons définie comme se déclinant en marchand (la sphère marchande qui se développe grâce au droit de propriété n'a rien de répréhensible en soi, elle est au contraire source d'enrichissement), non marchand (dont économie domestique et le gratuit), semi-marchand, un identifiant qui pose problème à la mise en place de rapports sociaux sains, bien au contraire.
C'est une fausse interprétation de Karl Marx et du Capital qui a conduit certains à dire "la propriété c'est le vol". A cela nous répondrons : "l'expropriation forcée menée par de Etats non éthiques ou par une sphère privée non respectueuse des droits des individus, sous l'égide d'un état fortement compromis, c'est le vol".
Si nous faisons ici l'éloge du Capital c'est parce que pendant trop longtemps on s'est servi de Karl Marx tout comme des religions et tout comme on se sert aujourd'hui de la dette des Etats pour voler le peuple de son bien, ses terres, le fruit de son travail au profit de quelques une. Et cela n'est pas le propre de l'Afrique ou des pays en difficultés c'est le propre de l'ensemble du prolétariat, celui qui au lieu de disposer librement de son capital biologique, intellectuel, social, culturel celui issu de son travail (c'est Pierre Bourdieu qui a eu l'idée d'élargir la notion de Capital à d'autres sphères), n'a pas d'autre choix étant donné l'organisation des structures sociales et économiques que nous impose le règne de la multinationale.
L'enjeu économique est donc fondamental, il fait appel à la nécessaire réappropriation de nos terres de notre histoire, de notre territoire.
C'est par exemple cet enjeu là qui est en cause lorsque à Décines (Rhône) ou encore à Notre Dame des Landes des gens luttent pour que l'on rende leurs terres aux agriculteurs afin que le grand stade de foot, l'aéroport ou encore les grands pôles métropolitains ne voient jamais le jour.
Donc, nous n'avons rien chez nous à envier aux africains, car nous partageons le même fardeau, et c'est là que se joue la grande Fraternité.
C'est sous cet angle de vue là que nous avons, chez Respublica, proposé une nouvelle voie pour la France dans ses rapports et sa stratégie économique.
Il ne s'agit pas de s'engager une fois de plus dans de grands remèdes qui ne profiteraient qu'à nous, sous l'apparence d'un humanisme à la française bienveillant, le même qui a enterré de nombreux africains sous la chappe de plomb du colonialisme.
Il s'agit bien au contraire, de rapports francs, sincères, brandi par des individus qui n'ont plus rien à perdre et sont, pardonnez moi l'expression "dans le même bateau".
Ainsi l'idée du Liberté comme nouvelle monnaie française, tournant le dos aux erreurs du passé et recommençant sur les bases d'une nouvelle dimension économique plus intelligente après que la France soit sortie de la zone euro permettrait de mettre en action un nouveau mode d'organisation économique mondiale fondé sur ce que l'on pourrait appeler en se référant à Bandoeng "un nouvel alignement" avec des monnaies flottantes, trouvant toutes seules leur niveau de manière naturelle au gré de la consolidation des échanges nouveaux entre individus, sans intermédiaires, sur la base de productions nouvelles riches en valeur ajoutée qualitative.
Reprenons le discours de Harry Truman, que reprend dans son livre Aminata Traoré et qui est ici présenté en guise d'illustration aux justifications des programmes d'ajustement structurel qui font encore une fois des pays africains des valets au service des politiques d'ajustement structurel qui ne les concerne même pas :
"Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avancée scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous développées. C'est ce que l'on va appeler ensuite pendant des décennies "l'effet Trickle Down" ou effet ruissellement du développement, selon laquelle la richesse profiterait à tous quand elle abonde", ce qui n'est pas le cas puisque nous constatons au contraire un mauvais partage de la valeur ajoutée à tous les niveaux.
Où est l'erreur d'Harry Truman ? ce dernier se plaçait lui et son pays sur un échelon supérieur, autorisé de par la supériorité que lui confère une réussite économique alors apparemment exemplaire mais seulement sur le court terme, doublée de la maîtrise de nouvelles technologies connues de lui seules en maître, en père ou encore en tuteur capable d'éduquer les Etats africains aux mystères du développement économique (le développement se confond encore à cette époque avec économie et se résume à ce secteur).
Les résultats sont catastrophiques, la mise sous tutelle a ainsi conduit les africains à se désengager de leur Voie.
Avec la politique économique que nous désirons mener avec le Liberté mais aussi une politique d'augmentation croissante des taux de TVA sur la valeur ajoutée négative (politique dite de TVA sélective ou TVA discriminatoire) la France ne se pose pas en entité supérieure à laquelle il faut obéir et qu'il faut absolument écouter mais en Etat intelligent soucieux de réencastrer son économie, soucieux de mettre en place chez lui une économie réelle, faite pour des individus et par des machines ou des grands groupes, ayant tout le loisir d'échanger avec des pays aussi intelligents qu'elle, où la monnaie reste avant tout un instrument d'échange en non pas un outil servant de réservoir à capitaux utilisé pour dominer plus petit que soi.
Que va t'il se passer si la France quitte la zone Euro, comme nous l'avons prévu, en 2018, après avoir réglé le problème de sa dette en remplissant ses caisses par le biais de la TVA sélective qui ne fait aucun cadeau aux multinationales ?
Dans un premier temps, il va de soi qu'on ne laisse pas un pays immergé comme l'est la France dans un réseau d'échanges aussi complexe que celui de l'UEM tout seul avec une monnaie qui flotte librement. Ce retour aux changes flottants pour la France va se faire ne l'oublions pas, dans un contexte de retour à une autonomie de notre Banque centrale. Il faut, pour cela, soutenir les cours pendant trois ans, grâce à cet instrument qu'est notre taux d'intérêt afin que nos entreprises aient le temps d'opérer leur reconversion : sur le plan de la production de valeur ajoutée qualitative, sans produits polluants, d'une part, sur le plan d'autre part de la direction que prennent leurs échanges internationaux: niveau de notre monnaie oblige, nos partenaires privilégiés devraient être les Etats africains mais aussi ceux qui au sein de l'Union Européenne pataugent dans la semoule, comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne ou beaucoup d'Etats d'Europe de l'Est.
Pendant cette période nous devrions focaliser tous nos centres d'intérêt sur le développement des petites entreprises et des économies locales de type ascendant (dirigés par la société civile).
Voilà enfin une vraie politique industrielle qui a des objectifs à court, moyen et long terme.
Après cette période de trois ans il est évident que notre monnaie perdra de sa valeur mais sans chute libre car cette dernière sera retenue par les nouvelles orientations prises par notre politique économique qui agiront au fur et à mesure que se développeront les nouvelles alternatives comme les paliers de décompression du plongeur jusqu'à ce que nos monnaies respectives retrouvent des niveaux acceptables mais cette fois ci sur des bases saines.
Qu'y a t'il de mal à se niveler par le bas ? Après tout, il ne s'agit que de taux de change. Or, nous avons vu en la matière à quel point il est malsain et peu avantageux pour tout le monde de chercher à tout prix le nivellement par le haut, et la politique suivie par l'Europe en la matière n'a que trop montré ses écueils et ses conséquences par trop fatales sur la vie des uns et des autres.
Davantage encore, en matière de nivellement par le bas, il est évident que devant la pression de la société civile mais aussi des échéances dramatiques que pose l'état de notre environnement, les autres pays développés actuellement membres de l'UEM ou non ne manquerons pas de leur côté de s'aligner sur les bases saines ainsi définies afin que s'opère après ce non alignement un nouvel alignement propice à la construction d'une nouvelle économie mondiale fondée sur des bases égalitaires.
Par Noura Mebtouche.
Par Noura Mebtouche. |
Comme une pyramide façon maison méditteranéenne
où tous les Etats du monde pourraient aller se reposer, sur un toit conique prêt à recevoir tous les peuples du monde.
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